Souligner les erreurs ou valoriser les réussites ?
Le système scolaire, mais pas seulement, a tendance à se focaliser sur les erreurs commises plutôt que sur ce qui a été réussi, à prendre en compte le résultat plutôt que le processus. Avez-vous remarqué qu’il nous était souvent plus aisé de citer nos défauts plutôt que nos qualités ? Peut-être avez-vous aussi tendance à remarquer davantage ce que vos enfants ou adolescents ne font pas plutôt que ce qu’ils réalisent spontanément ?
Pour autant, pointer les erreurs est-il plus avantageux que valoriser les réussites ?
Souligner les erreurs pour éviter la répétition
Ces 2 types de rétroactions vont jouer un rôle différent. Indiquer à une personne une erreur lui permet d’ajuster ses prédictions et de modifier ses connexions neuronales. La rétroaction négative, c’est-à-dire le fait d’indiquer à l’élève ses erreurs, évite la répétition de celles-ci qui conduirait à un renforcement des connexions de neurones liées à ces erreurs. Souligner les erreurs a donc toute son utilité dans les apprentissages !
Mais elle peut susciter le découragement chez certains enfants…
Souligner les réussites pour encourager
Quant à la rétroaction positive, elle augmente la quantité de dopamine dans le cerveau, produit un sentiment de plaisir, et stimule le système de récompense. Mettre en avant les plus petits pas réussis donne envie de recommencer et favorise donc l’apprentissage et la motivation. Parfois cela fait une différence importante… Pour exemple, une dictée réalisée avec une élève de 3ème : 6 erreurs d’orthographe grammaticale et un 4/10 à la clé selon le barème appliqué lors de la notation au brevet des collèges mais 92% de mots bien écrits. Recevoir un 4/10 peut être décevant, décourageant si on s’en tient juste à la note. Savoir que 92% des mots étaient bien écrits est plus encourageant. Si on ajoute à cela un temps consacré à l’analyse des erreurs afin d’en tirer profit, il y a plus de chances de maintenir la motivation et l’envie de progresser. Pour des élèves en difficulté, qui se croient « nuls » ou qui commencent à décrocher, le plus petit pas, la plus petite réussite est à valoriser pour enclencher l’envie de recommencer. Avec les plus petits, la boite à réussites fonctionne très bien. Chaque jour, l’enfant (et ses parents) écrivent une réussite. Fierté garantie pour l’enfant et cela permet aux parents de ne pas être focus uniquement sur les difficultés. Elargissement de perspectives pour tous qui a aussi en général un impact positif sur la relation parents-enfants selon plusieurs retours de familles à qui j’avais proposé de mettre en place cet outil, que ce soit avec des enfants en primaire ou en 6ème, 5ème.
La rétroaction ou feedback est l’un des 4 piliers des apprentissages
Selon Stanislas Dehaene, docteur en psychologie cognitive. Les études ont montré qu’une rétroaction efficace est immédiate, centrée sur la tâche et ne consiste pas seulement à apporter une réponse correcte mais également à apporter des explications. (Les trois autres piliers sont l’attention, l’engagement actif et la consolidation). La rétroaction « ne doit pas seulement porter sur la réponse, mais également sur le processus menant à celle-ci et sur les stratégies de régulation utilisées au cours de la tâche. » (Steve Masson)
Les résultats ne sont qu’une partie des apprentissages
Encourager en explicitant ce qui est réussi dans une tâche, un exercice, en interrogeant sur le processus, les stratégies employées (« Ton texte est agréable à lire car les phrases sont bien construites et le vocabulaire utilisé est adapté au sujet et au public visé ») plutôt que complimenter de manière générale ( « Bravo, ton texte est super ») sera plus efficace.
Interroger l’enfant sur les stratégies employées quel que soit le résultat obtenu développe sa métacognition c’est-à-dire ses capacités à observer, analyser les stratégies utilisées, les outils employés et à les ajuster, modifier selon ses besoins et les contextes d’apprentissages. Cela aussi s’apprend et demande de l’entrainement !
S’adapter à l’âge de l’enfant
Si ces deux types de rétroactions sont utiles, pourquoi alors utiliser plus l’une que l’autre ?
Des études ont montré que notre réceptivité à l’une ou l’autre dépend de notre âge. Certaines régions du cerveau, notamment le cortex préfrontal, la partie qui joue un rôle dans l’analyse, la réflexion, la régulation des émotions… n’est mature que vers 20-25 ans alors que le système limbique, siège des émotions, l’est bien avant. Ainsi, un enfant va davantage profiter d’une rétroaction positive. Pour un adolescent les 2 ont un effet comparable et un équilibre entre les 2 devrait être visé.
Viser l’équilibre
Viser un équilibre entre le fait de pointer les erreurs et celui de pointer les réussites permet d’activer deux mécanismes importants pour apprendre : système de correction d’erreur et système de récompense et de renforcement. A la maison et à l’école. Sans oublier de prendre en compte l’âge et de privilégier la rétroaction immédiate. Viser cet équilibre suppose que les tâches proposées soient réalistes : des attentes suffisamment élevées qui représentent un défi et en même temps qu’il est possible d’atteindre. Et pour les adultes ? « En raison de la plus grande maturation de leur cortex préfrontal, les adultes activent davantage que les enfants les mécanismes cérébraux de correction d’erreur à la suite de la rétroaction négative. Avec les adultes, l’équilibre peut donc pencher du côté de la rétroaction négative, sans toutefois négliger entièrement la rétroaction positive ». Un compliment est toujours apprécié !
Être accompagné pour s’entrainer
Valoriser les réussites et accompagner l’élève vers l’analyse de ses erreurs, vers l’analyse de ses stratégies, de celles qui sont efficaces pour lui, des outils qu’il peut utiliser selon les contextes correspond à ce que nous faisons lors des séances d’accompagnement psychopédagogique. Nous analysons, ensemble, les réussites et le chemin qui a mené à celles-ci. Nous analysons aussi les échecs, les difficultés et les stratégies qui ont conduit à ceux-ci et nous coconstruisons des solutions, des méthodes plus adaptées, testons d’autres outils, que ce soit au niveau de l’attention, de la mémorisation, de la régulation du stress, des émotions, de l’organisation… Ainsi, se développe aussi, peu à peu chez l’apprenant, un autre rapport à l’erreur : elle est davantage perçue comme un outil d’apprentissage. Les erreurs ne sont plus une remise en question de sa valeur.
En somme, mieux se connaitre pour apprendre plus sereinement et plus efficacement.
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